Attention PAVE INTERMINABLE.
Mais si ça peut aider d'autres et leur donner espoir... : Les vétos étaient très sceptiques sur les chances de survie et ne me laissaient que très peu d'espoir, insistant en permanence sur la gravité de cette pathologie... A ce jour, soit 3 mois après l'accident, les vétérinaires pensent que Bellie va s'en sortir et pourra même être remontée en balade.
Pose du décor.
Le 8 mai 2019, je profite du soleil pour sortir Embellie en longe, histoire de brouter un peu de belle herbe verte. La jument va sur ses 5 ans, elle est gestante de plus de 10 mois. Sur le retour de la balade, je la laisse monter sur le talus qui borde le champ des hongres, autant pour lui permettre de leur dire bonjour que pour profiter de l'herbe bien grasse qui n'a pas été tondue. Une petite voix dans ma tête me dit de faire gaffe aux barbelés qui sont bien bas mais ce n'est pas la première fois qu'on se met là alors je la fais taire, Bellinette est trop contente de sortir et d'avoir un peu de contact avec ses voisins qu'elle n'a pas vu depuis un petit moment... Bref un moment sympa comme on en partage si souvent... Et là tout bascule, Bellie fait un lancé d'antérieur un peu haut pour impressionner copain hongre et se prend le pied dans le barbelé.
Je plonge pour soutenir le pied mais comme elle est sur le talus et qu'elle a tiré en arrière, elle se retrouve en bas du talus, la jambe en extension et tout son poids à soulever pour passer le pied. Bref le pied ripe sur le barbelé malgré mon soutien et entaille tout le paturon juste au dessus de la couronne ; je parviens à libérer le pied, on est à moins de 20 m de l'écurie, je rentre au plus vite, on appelle le vétérinaire de garde. En attendant, on passe la plaie sous l'eau...
le vétérinaire de garde arrive, examine la plaie et nous rassure, non le tendon n'est pas touché, la plaie est importante mais avec des soins locaux, ça devrait se refermer tout seul. Il lui fait une piqûre de sérum antitétanique, baigne la plaie avec de la bétadine scrub, passe un coup de bombe qui contient de l'antibiotique en local (oxytétrin) et prescrit de l'inflacalm. Pas d'antibiotique en IV ni en traitement oral. On est surpris mais il explique que vu que la jument est gestante et qu'on est intervenu de suite, cela ne sera pas nécessaire et serait préjudiciable au poulain.
Il indique que la jument va salement boiter, que la plaie va beaucoup couler mais que cela ne sera rien que de très normal. Un contrôle véto sous 15 jours pourrait être intéressant...
Sur les jours suivants, en plus des bains de bétadine et des coups de bombe, on fait des cataplasmes de miel de thym et d'argile verte avec HE de tea tree.
La plaie semble bien évoluer, la jument boite un peu mais dans la limite du raisonnable, n'a jamais de température et mange normalement.
- image de la blessure à trois jours:
On arrête les anti douleurs puisqu'arrivés au bout du traitement, la boiterie persiste, la jument se couche souvent mais bon, comme la mise bas approche on ne s'inquiète pas plus que cela puisque la blessure continue a être très belle et que la cicatrisation avance bien...
Poulichette pointe son joli museau avec un poulinage parfait au matin du 23 mai mais une poulichette qui refuse de téter... On fait venir le véto qui suit Bellie normalement et on en profite pour demander qu'il regarde le pied parce que quand même Bellie boite toujours après 15 j de soins; il ne le fait pas, il est pressé...
Comme poulichette n'a pas pris le colostrum en temps et en heure même si elle a finalement compris le mode d'emploi des mamelles en milieu de nuit, je fais pression pour qu'une prise de sang soit faite dès le 24 mai. C'est sa collègue qui vient. Je ne suis pas présente, mais mes copains chez qui Embellie habite se rappellent que je voulais un avis sur la blessure d'Embellie. Cette fois ci la véto prend le temps... Sa mine s'allonge et elle m'appelle pour faire admettre Bellie en clinique en urgence.
ENSEIGNEMENT 1 : une simple plaie n'induit pas de boiterie. Si boiterie il y a c'est que le tendon est forcément touchéPose du Diagnostic :
La véto m'indique qu'il faut faire une échographie pour être certain de ce qui se passe.
Pour elle, la gaine du tendon a été atteinte lors de l'accident et dans le pire scénario, une infection s'est installée (les quelques sécrétions qui s'écoulent de la plaie le lui font craindre) en gros la peau a bien cicatrisé mais pourrait avoir enfermé une infection plus profonde de la gaine tendineuse. C'est une affection grave, la ténosynovite infectieuse, qui engage le pronostic vital du cheval : la douleur induite est telle que le cheval ne peut plus poser son pied au sol, développe une fourbure sur l'autre pied et au final ne tient plus debout. l'euthanasie est alors inévitable. La gaine tendineuse est un endroit où les antibiotiques ont beaucoup de mal à agir tant les bactéries trouvent un terrain propice à leur développement (pour faire court : plein de cils qui leur permettent de se cacher). De ce fait, même si la jument s'en sort cette fois, elle peut aussi développer des infections chroniques. Enfin, au delà de l'infection, de la gaine, il y aura à gérer les conséquences de la blessure sur le tendon lui même une fois l'infection combattue. L'infection aura permis le développement de fibrine qui gênera le bon fonctionnement du tendon d'une part et d'autre part, le tendon pourrait lui aussi être touché et donc nécessiter des soins.
Elle n'est pas certaine de son diagnostic donc elle me propose d'emmener bellie à la clinique pour confirmation (au moins, elle sera déjà sur place pour les soins s'ils confirment) mais quoi qu'il en soit elle pressent quelque chose de grave...
ENSEIGNEMENT 2 : pour toute blessure importante pouvant induire une atteinte des tendons, n'appeler qu'un vétérinaire équipé d'un appareil mobile d'échographie... C'est le seul moyen de disposer d'un diagnostic FIABLE.Bref lorsque je retourne voir ma jument pour organiser son transport, je n'en reviens pas : sa boiterie a pris énormément d'ampleur par rapport à la veille.... Morte d'inquiétude, rongée par la culpabilité d'avoir blessé ma jument par imprudence, en rage contre le véto de garde qui nous a totalement planté sur le diag et surtout, morte d'inquiétude et rongée de culpabilité (euh je me répète un peu, non?)...
Donc on fait l'échographie en clinique et le diagnostic tombe: on est dans le pire scénario, la Ténosynovite infectieuse est confirmée, le tendon fléchisseur profond de son antérieur droit est également sectionné à 40 %. Si cela avait été pris tout de suite, la jument aurait eu 80 % de chances de s'en sortir sans séquelles!!!
On a perdu 15 jours pendant lesquels l'infection a pu se développer à souhait d'autant qu'aucun antibiotique n'a été apporté. Même si la jument s'en sort, elle sera au pire une tondeuse à gazon/poulinière , au mieux une jument pour petites balades tranquilou. Bon, j'ai jamais eu l'ambition d'en faire une jument de compétition, pour moi c'est une jument de famille et de loisirs même si je n'avais rien contre le fait de randonner avec la belle. La véto est claire, je peux oublier les randos... trop d'atteintes sont envisageables.
ENSEIGNEMENT 3 : même gestante, une antibiothérapie par voie orale ou en IV est toujours possible, il y a des molécules sans contre indication!Je dispose d'un choix entre 2 options :
- ne faire que des soins locaux et une antibiothérapie orale, la jument dispose d'une perspective de guérison estimée entre 1 et 10 %;
- tenter une opération coûteuse (5000 € voire plus) pour nettoyer la gaine, mettre en place une antibiothérapie agressive pour porter les chances de rémission à 50 % après au minimum un voire deux mois de soins.
On ne pourra la dire "sauvée" de l'infection qu'après constatation du maintien d'un certain confort sur le pied après arrêt des antibiotiques sur une période suffisamment longue. En gros, il faut d'abord obtenir un retour du confort
La réflexion ne prend pas très longtemps tant pour ortiezhom que pour moi ; Bellie fait partie de la famille, il n'est pas question de l'abandonner à son sort, en plus elle a une poulichette à élever, on ne peut pas laisser la chtiotte devenir orpheline sans se battre!
Opération (ténoscopie) dès le lendemain matin : 10 litres de sérum physiologique sont passés dans la gaine du tendon pour évacuer un maximum (la totalité?) des sécrétions et des bactéries; curage des tissus endommagés... le tendon n'est pas recousu et la gaine n'est pas refermée :
- le tendon se reconstituera tout seul avec beaucoup de repos, le recoudre pourrait entraîner des claquages
- la gaine doit être laissée ouverte pour permettre l'évacuation des exsudats.
- de ce fait, la plaie et donc la jambe bénéficient d'un pansement compressif stérile pour éviter toute contamination.
S'engage alors l'antibiothérapie avec 2 antibiotiques large spectre :
- dépocilline en intramusculaire 2 x jour du 24 mai au 13 juin (21 jours)
- forticine : d'abord en intraveineuse sur 2 jours
pendant 9 jours en intraveineuse et intraveineuse sous garrot (on met un garrot sur la jambe, on injecte dans une veine de
la jambe et on maintient le garrot un certain temps pour que l'antibiotique agisse au maximum sur la zone concernée)
pendant 10 jours de nouveau en intraveineuse sans garrot
(un échantillon a été mis en culture pour identifier la bactérie et cibler le bon antibiotique, mais cette dernière est revenue négative, la bactérie concernée n'était pas dans le référencement de l'analyse mais comme l'antibiothérapie était concluante, pas d'autre test et maintien du traitement...)
et le traitement de la douleur avec plusieurs tentatives d'arrêt pour limiter au maximum les conséquences sur les reins ;
- phénylarthrite en intraveineuse 2 fois par jour pendant 11 jours (chaque jour à partir du 28 mai, le traitement est réduit pour voir si on peut faire évoluer les posologies mais il doit à chaque fois être complété d'une seconde injection jusqu'au 3 juin où Embellie reste "confortable" on peut donc passer à un antalgique par voie orale)
- Equioxx ; une dose poids en oral du 5 au 10 juin soit 6 jours à compter desquels Embellie reste à nouveau "confortable" et s'appuie de nouveau sur sa jambe sans antalgique.
Pendant l'hospitalisation, ma podologue/ostéopathe est venue faire un soin énergétique à Bellinette et à sa pouliche...
On s'approche enfin de la sortie de clinique! Dès qu'on peut passer à un traitement antibiotique oral, la belle et sa pouliche sont libérées ; bon en fait retour dans son box à la maison avec interdiction d'en sortir (sauf pansement ou curage du box) Bref REPOS COMPLET.
La véto qui a fait le diagnostic initial viendra changer les pansements stériles tous les 5 jours (pendant 15 jours) et l'antibiotique (avémix) sera encore donné pendant 15 jours.
De temps en temps, la vétérinaire retire de très légers bourgeonnements pour que la plaie cicatrise en restant au plus près du niveau initial de la peau...
On fait un premier parage un peu limite car le confort de la belle ne permet pas de lui faire un beau parage des antérieurs.
On maintient des pansements non stériles encore une bonne quinzaine de jours jusqu'à cicatrisation
- une belle cicatrice, enfin:
Le 12 juillet soit près d'un mois après la sortie de clinique, on passe la jambe à des guêtres de repos fouganza.
Le 1er août, échographie de contrôle et visite des vétos de la clinique :
l'infection est officiellement terminée!!! Restent les atteintes au tendon à soigner, qualifiées à présent de tendinite du fléchisseur profond AD.
La véto de la clinique a préconisé de faire un parage car les pieds étaient trop longs et de poser des fers inversés pendant 6 mois. Une fois que le parage et la pose de fer seront faits, elle préconise une rééducation selon le protocole suivant :
- au pas 15 min/j pendant 2 semaines.,
- petit paddock 10x10 sur 2 h/jour pendant 2 semaines
- paddock 10x20 4h/j encore 2 semaines
- et enfin paddock ouvert sur toute la journée si terrain pas boueux ou trop profond.
Je ferais une seconde échographie avec un autre véto pour un second avis malgré tout et il n'y aura pas de fer orthopédique...
Ma podologue (je vais résumer son statut sous le nom de podologue mais elle est bien plus que cela : ostéopathe de son état, elle a évolué vers des soins énergétiques et de posturologie ajoutant le parage naturel à son offre de soins, en d'autres termes, elle a une vision globale du cheval et ses mains font des miracles, je peux rien dire d'autre) est venue hier.
Donc ce 6 août Embellie a été parée et a bénéficié d'un massage sur sa jambe (je compléterai le détail du massage qu'elle a fait plus tard). Bellie n'a pas été très sage pendant le parage mais a priori pas à cause d'un quelconque inconfort mais plus d'un trop plein d'énergie qui ne demande qu'à s'exprimer. Bellie indique qu'elle a hâte de passer à la rééducation.
La podologue pense que Bellie a fait un début de fourbure d'immobilisation mais elle pense aussi avoir super bien récupéré le pied et les aplombs.Le parage suivant sera beaucoup plus rapproché que d'habitude pour surveiller les aplombs d'Embellie comme du lait sur le feu et sera sans doute à nouveau accompagné d'un massage ou d'un check up ostéo selon l'appréciation de l'experte...
La podologue propose aussi de compléter la rééducation active par de la rééducation plus passive : lors de mon stage tellington touch, j'ai acquis des coussins de proprioception théraband (les verts), l'idéal serait de les mettre sous les 2 antérieurs d'abord 10 minutes puis 20 puis 30 minutes.
A cette alternance coussins/marche Bellie va de plus bénéficier de
- massages avec un mélange d'HE (je donnerai la recette sur un autre pavé!)
- de cataplasmes d'argile verte marine avec 3 gouttes d'HE de gaulthérie et 3 gouttes d'eucalyptus citronné
- de guêtres magnétiques four hours veredus.
Je vous tiendrai au courant avec photo de ce protocole et de ses résultats...
Voili voilà 3 mois d'angoisse résumés! Merci de votre lecture courageuse...
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Mer 7 Aoû - 15:02
